L’entreprise argentine SECURION : un modèle pour la sécurité privée

L’entreprise argentine SECURION : un modèle pour la sécurité privée

Propos recueillis par Anna Larrouy

Quelques jours après la présentation du robot THALAMUS à Buenos Aires, lors d’un événement organisé par Securion au musée MALBA, Renato Cudicio, président de Glocal Robotics, revient sur les enjeux de cette rencontre, la vision stratégique portée par IH Tech Labs et les perspectives d’implantation de Glocal Robotics en Amérique du Sud. L’occasion de découvrir un écosystème technologique ambitieux, qui associe robotique terrestre, navale et aérienne, au service de la sécurité privée.

Anna Larrouy : Vous avez eu l’occasion de présenter le THALAMUS à Buenos Aires la semaine dernière lors d’un événement organisé par la compagnie Securion. En quoi cet événement sortait-il de l’ordinaire?

Renato Cudicio : La première chose qui m’a marqué, c’est l’incroyable organisation qui a été mise en place pour cet événement par Gustavo Silva, le président de IH Tech Labs, avec l’aide de Kevin Blum et Federico Patigori. Gustavo est un ancien producteur et organisateur de concerts pour des stars du show-business, qui s’est reconverti dans les technologies de sécurité. Son expérience en la matière a été parfaitement mise à profit pour réaliser ce show très hollywoodien.

Mais au-delà de l’image, qui était resplendissante, c’est la vision stratégique qui m’a le plus impressionné. De toutes les compagnies européennes de sécurité que j’ai rencontrées, et de la majorité des compagnies américaines, Securion est en avant de la mêlée, avec une compréhension de l’avenir du marché qui est très impressionnante. Securion met la technologie au centre de sa stratégie, basée sur une approche globale de sécurisation tridimensionnelle : air – terre – mer.

Gustavo et Kevin ont effectué un énorme travail de recherche, puis de scouting sur le terrain, pour identifier la meilleure technologie dans chacun des domaines. Ainsi, ils sont venus nous voir à Angoulême pour participer à des sessions de travail et assister à des démonstrations. Ils ont fait la même chose avec les bateaux autonomes, ce qui les a amenés à choisir les incroyables machines de la compagnie américaine SeaSats et les drones autonomes de la compagnie suisse Sunflower Labs.

J’avoue que je ne suis pas peu fier que le THALAMUS ait été choisi pour représenter l’un des trois segments, aux côtés de ces deux entreprises qui se démarquent par leur innovation et la qualité de leur production.

L’autre force de Securion est de pouvoir ramener en temps réel les données de ces trois véhicules autonomes vers l’un de leurs centres de télésurveillance ultramodernes, situés du nord au sud de l’Argentine. Cela est rendu possible par une volonté stratégique d’intégrer et d’internaliser l’expertise technologique. J’ai eu l’occasion de rencontrer et de travailler avec leurs ingénieurs, qui se sont révélés aussi talentueux que sympathiques. Cette idée de commencer par monter une équipe de technologues et de roboticiens avant de commercialiser les produits m’a évidemment séduit en tant que fabricant, car je sais que je peux compter sur des partenaires solides pour implanter et supporter les robots THALAMUS sur le terrain.

Qu’est-ce qui vous marqué dans les produits qui ont été présentés?

J’ai été fasciné par la qualité du design des produits de sécurité qui ont été sélectionnés. Certes, les trois produits phares, qui couvrent les domaines maritime, aérien et terrestre avec le THALAMUS, ont tous un design unique qui les rend reconnaissables entre tous.

Mais cette attention à la qualité esthétique des produits s’applique également aux équipements qu’ils fabriquent en interne. Ainsi, le panneau urbain destiné à sécuriser à la fois l’entrée des bâtiments et la voie publique, qu’ils ont conçu entièrement chez IH Tech Labs, est d’une qualité esthétique remarquable.

Mais en quoi cela est-il important, allez-vous me dire ? Je suis convaincu que l’acceptabilité d’un produit est d’autant plus grande que son design a été travaillé et que son niveau d’utilisabilité est élevé. Tout le monde apprécie être entouré de beaux objets, et je ne vois donc pas pourquoi, parce qu’il s’agit de technologies de sécurité, l’apparence de ces équipements ne devrait pas être soignée.

Cette attention au design est significative de l’importance accordée à la qualité en général, et au niveau de satisfaction attendu des usagers. Or, l’expérience client est devenue l’expression phare de tous les nouveaux modèles d’affaires.

Tous ces produits ont également une très forte composante en IA, que ce soit le robot, les panneaux urbains qu’ils ont développés, mais aussi les exosquelettes qu’ils introduisent progressivement, les caméras piétons de l’entreprise américaine Plix, ou les caméras intelligentes de l’entreprise californienne Verdaka.

Dans tous les cas, l’objectif de IH Tech Labs est de capitaliser sur les avancées ultrarapides de l’IA pour rendre ces outils plus performants et permettre aux agents de Securion de redoubler d’efficacité dans leur travail.

Quelle est la place pour des robots autonomes comme le THALAMUS en Amérique du Sud?

Il ne faut pas se le cacher, le niveau de criminalité en Amérique du Sud est globalement assez élevé, nettement plus, bien entendu, qu’en Europe ou au Canada. Par contre, il y a des signes très encourageants d’amélioration dans de nombreux pays, dont l’Argentine évidemment, où les politiques mises en place ont un effet réel. Mais la perception, un peu partout dans la population, reste que le niveau de criminalité est très élevé.

À la différence de l’Europe, où les risques importants se concentrent sur les sites sensibles et sont essentiellement associés au terrorisme, en Amérique du Sud, ils sont liés à des risques envers les personnes et les biens causés par le grand banditisme et les cartels.

Le marché pour le THALAMUS est donc bien réel, même si les salaires relativement bas constituent une compétition importante pour la robotisation dans son ensemble. Par contre, en Amérique du Sud, comme partout dans le monde, les entreprises de sécurité peinent à recruter des agents de qualité, et ce d’autant plus que les risques sont parfois plus élevés encore qu’en Europe.

Compte tenu de la taille gigantesque d’un pays comme l’Argentine (11 fois plus grand que le Royaume-Uni) et du développement de secteurs miniers situés dans des régions éloignées, la perspective d’utiliser des robots autonomes devient une alternative intéressante pour augmenter l’efficience des patrouilles et des agents présents 24/7 dans les centrales de télésurveillance.

Bien entendu, un pays comme l’Argentine n’utilisera pas la version européenne du THALAMUS, mais une version tropicalisée, capable de résister aux climats particulièrement arides et humides du pays.

Quel rôle va jouer Glocal Robotics dans ce nouveau marché?

C’est le siège canadien de Glocal Robotics qui va piloter ce grand projet d’expansion. Et ce, à la fois pour des raisons logiques de fuseau horaire, partagés avec le continent sud-américain, mais aussi parce que Montréal est une des capitales mondiales de l’intelligence artificielle, et que Glocal Robotics peut y mettre à profit des ressources robotiques seniors pour supporter ces projets.

Glocal Robotics va donc travailler avec des partenaires locaux, comme Securion, pour assurer une pénétration rapide dans les marchés, en s’appuyant sur des réseaux très structurés.